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DE LA LIBERTE DES FEMMES – Emma Goldman

Dernière mise à jour : 6 janv. 2021

«Il ne s’agit pas d’avoir le droit de faire mais bien de faire.»

Souvent oubliée parmi les voix féministes qui comptent, l’intellectuelle révolutionnaire russe Emma Goldman est pourtant l’une des grandes figures du mouvement au tournant du 20ème siècle. Elle est mise à l’honneur aux éditions Payot & Rivages qui publient deux de ses textes fondateurs réunis autour d’un titre évocateur, De la liberté des femmes.

Penchons-nous sur ce premier document, La Tragédie de l’émancipation féminine.


Publié dans le journal qu’elle a fondé, «Mother Earth», en 1906, La Tragédie de l’émancipation féminine est un plaidoyer pour la liberté des femmes. Vaste sujet dans un texte abondant et essentiel pour comprendre les fluctuations successives entre une revendication d’égalité dans la reconnaissance de leurs droits et une émancipation loin d’être encore acquise.

La construction de la pensée d’Emma Goldman s’axe sur ce point bien précis. Les femmes, dit-elle, «n’ont jamais compris le sens de leur émancipation». L’attaque est forte et cinglante et pourtant, pour que le mouvement d’émancipation individuelle des femmes se renforce, il doit s’affranchir de siècles de dominations et de soumissions. En remportant le droit de vote, les femmes ont certes obtenu de nouveaux privilèges mais cela ne suffit pas, elles doivent aller plus loin dans la bataille de l’épanouissement, dans tous les domaines de leur vie, professionnels comme intimes.

Emma Goldman enjoint toutes les femmes à se saisir de ce mouvement afin qu’il prenne de l’envergure. Si les femmes ressentent une certaine frustration, explique-t-elle, c’est parce qu’elles ne sont pas parvenues à se délester du poids des pressions sociales et morales qui pèsent sur leurs épaules et les empêchent d’être pleinement heureuses. Pour cela, il leur faudra briser leurs chaînes restantes, aller au-delà des préjugés imposés par l’époque et puiser à l’intérieur d’elles-mêmes un épanouissement certain.

D’aucuns trouveront son discours polémique mais n’en déplaise à certains esprits, sa parole est irréprochable de justesse. En effet, «il n’y a pas de femmes assez fortes pour regarder la liberté en face», proteste-t-elle. Bien qu’il faille le placer dans le contexte de l’époque, son discours résonne aujourd’hui encore. Pourquoi les femmes ne défendent pas leur liberté et leurs droits sans limite, en se débarrassant des rapports de subordination aux «tyrans», aux dominateurs, aux souverains paternalistes ? Pourquoi demeurent des ruines de la supériorité de l’homme ? Ces questions sont toujours d’actualité. Elle conteste également la symbolique du mariage, une institution vouée à servir l’homme et à rendre la femme dépendante de son mari.

Cependant, son féminisme n’est pas contre les hommes mais bien avec eux. Emma Goldman critique le dualisme des sexes, l’antagonisme de l’axe dominant / dominé, en un mot la division des sexes, en insistant sur l’idée que la liberté de la femme ne peut aller sans la liberté de l’homme.

Ne passez pas à travers ce texte profond et capital. Emma Goldman a eu cette prodigieuse intuition d’ouvrir un large débat autour de la liberté des femmes dans une époque très corsetée. Nul doute que son discours a dû faire couler beaucoup d’encre.

Ce livre fondateur, De la liberté des femmes, constitue la clé de voûte d’un féminisme juste et respectable. Son message demeure aujourd’hui très positif puisque l’auteur encourage la paix et l’union entre les deux sexes, par le biais d’une majeure tolérance et compréhension entre les êtres.


Sabrina Piazzi

Poursuivez l'oeuvre de cette éternelle militante avec la lecture de son autobiographie : Vivre ma vie, une anarchiste au temps des révolutions.


Crédit photo : Sabrina Piazzi. Tous droits réservés.

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