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Être lesbienne en 2020 : soyons visibles et fières de l'être

Dernière mise à jour : 21 déc. 2022

Incarner ce que l’on défend, c’est toujours mieux – Christophe Girard : ancien maire adjoint de Paris à la culture.

Je m’appelle Sabrina, j’ai 38 ans, je suis lesbienne et féministe.

J’ai décidé de lancer mon blog par l’écriture d’un article célébrant les femmes lesbiennes, résolue à rendre visible un sujet qui l’est encore peu aujourd’hui, dans l’ensemble de la société.

A travers cet article je tenterai de rester juste, sincère et réaliste sur le statu quo.


Depuis que je vis mon homosexualité au grand jour - environ 5 ans - je me sens plus libre, plus affirmée et ancrée, en vérité je suis moi-même, sans tricherie ni mensonge.

Je dis toujours que mon homosexualité est la plus belle chose qui pouvait m’arriver ! De le penser aussi fort sans désemparer m’apporte satisfaction et plénitude.


Depuis 5 ans j’ai beaucoup vécu, expérimenté, tâtonné aussi, je me suis égarée parfois mais j’y suis allée. Il fallait que je parte à la découverte de moi-même, de ce chemin qui devait être le mien, que je l’arpente sans détour et sans peur. Ma première expérience avec une femme en ce début d’année 2016 a été une véritable révélation ! Un sentiment dingue s’est emparé de moi : je m’étais trouvée, à 34 ans. Et ça n’était pas qu’une question de désir. Ce jour-là j’ai vécu avant tout une rencontre avec moi-même. Et j’ai compris beaucoup de choses : qu’être dans les bras d’une femme, caresser son corps était une évidence et c’est ce que je désirais le plus.

Evidemment ces sentiments ne sont pas nés du jour au lendemain, sans prévenir.

Quand je parcours l’historique de mes jeunes années de collège et de lycée, j’avais déjà de fortes attirances pour les filles, pour certaines de mes camarades de classe. Je m’amourachais souvent comme toutes les adolescentes, mais mes attirances pour elles n’étaient pas encore affirmées, déclarées. Et puis plus tard, à l’âge de 21 ans, j’ai rencontré un homme avec qui j’ai vécu durant une décennie un grand amour.


Toute ma vie a été émaillée de belles rencontres, qui m’ont construite, et cette attirance pour les femmes qui était plus forte que tout est revenue chambouler toute mon existence vers l’âge de 32 ans.

Bien que mon chemin ait été long mais doux, ce n’est malheureusement pas le cas de certaines lesbiennes qui souffrent aujourd’hui encore, en 2020, de discriminations au sein de la sphère familiale, de rejet au travail, de méfiance ou pire encore d’incrédibilité.


Une majeure visibilité dans la sphère sociale

Les lesbiennes doivent avoir plus de visibilité dans notre société où l’hétérosexualité reste une norme, et c’est un combat qu’elles doivent mener d’elles-mêmes, dans tous les champs de leur vie. Leur orientation sexuelle ne doit plus rester au stade du confidentiel. Ca choque encore des gens en 2020 ? Oui ! Et alors ? Ca les regarde. Il ne faut pas vivre dans le regard des autres, c’est une règle primordiale à s’appliquer à soi-même !


Peu de femmes qui aiment les femmes se montrent au grand jour. Les lesbiennes demeurent discrètes, parfois même certaines se cachent.

Mais pourquoi ?

Beaucoup ont encore peur d’assumer, mais est-ce qu’une orientation sexuelle des plus normale doit-elle vraiment être assumée ? Il faut avant tout sortir du conditionnement social, qui est néfaste car il modifie nos perceptions, nos comportements. Il faut oser être soi, en toutes circonstances, ne pas se refouler et s’interdire d’exprimer des sentiments qui nous sont propres.

Ce n’est pas toujours facile à faire et cela prend du temps, de se libérer des croyances néfastes qui bien souvent sont colportées par le plus proche entourage.

Voilà le genre de réflexions auxquelles j’ai eu droit par le passé :

«Mais tu n’es pas lesbienne, tu es trop féminine.»

«Je pense que tu es bisexuelle.»

«Tu te remettras avec un homme j’en suis sûre»

«Les gens comme vous…»

«Tu as fais un choix...»

etc.


Il n’y a pas de stéréotype lesbien !

Toutes ces remarques que j’appelle des automatismes de questions genrés sont des constructions sociales. Pour les femmes hétéro, nous sommes non seulement une «curiosité» mais aussi parfois une sorte de «menace», car nous réveillons chez certaines un désir refoulé de tenter une expérience féminine.

Il y a aussi cette injonction implicite à se justifier en permanence, sur son orientation sexuelle, sur ses désirs. Evidemment tout cela a pu me perturber, m’ébranler. J’ai rencontré des gens insistants, lourds, incompréhensifs, intolérants, qui se sont questionnés inutilement, qui n’ont pas pris au sérieux mon orientation, des personnes qui ont pu m’ignorer. Ces inepties concourent à installer de la discrimination et de l’intolérance : il faut que ce clivage cesse.

Aujourd’hui la société occidentale autorise l’homosexualité, la tolère mais ne la met pas en lumière, elle ne la valorise pas. Il doit y avoir une avancée vers plus de visibilité, qui mènera à une banalisation de l’homosexualité. Nous ne serons alors plus obligés d’organiser des Gay Pride, de fréquenter des bars lesbiens qui tendent à ghettoïser une «communauté», car ces communautés sont limitantes.

Les modèles de représentation lesbienne dans la culture sont peu nombreux, hormis quelques artistes. Combien de personnalités clament haut et fort leur homosexualité ? Citons Adèle Haenel, Céline Sciamma, Virginie Despentes, Muriel Robin et sa compagne Anne Le Nen. C’est un acte militant et politique ! Et cela donne une bonne image aux homos qui ne s’assument pas et qui ont besoin d’une image forte et courageuse.

La revendication = indignation

Je revendique mon homosexualité. Quand il y a revendication il y a forcément une forme d’indignation. Je m’indigne de voir que dans le monde du travail, dans certaines entreprises, les femmes se cachent, brimées par un univers machiste.

J’échangeais sur ce sujet avec une amie l’autre jour qui me disait qu’elle ressentait de la stigmatisation au travail parce qu’elle est lesbienne et qu’elle souhaite aujourd’hui s’affranchir de cela, ne plus se sentir jugée et mésestimée.

La peur de l’homme à l’égard des lesbiennes

Dans l’inconscient collectif masculin, les lesbiennes excitent, mais au fond, il faut bien le dire, la plupart des hommes ne comprennent pas et en ont peur. Nous sommes régulièrement la cible de regards appuyés, de remarques sexistes de leur part. Les hommes devraient évacuer de leurs pensées ces stéréotypes comme quoi les lesbiennes doivent s’approprier des codes masculins. C’est un débat stérile et vain !

Les hommes se sentent menacés parce que nous mettons en péril leur virilité ? D’autres se sentent «inutiles»? Nous ne sommes pas utiles pour tout le monde…

Pour eux, la sexualité lesbienne reste «opaque». Mais que font-elles au lit ? Comment font-elles à prendre leur pied sans un sexe d’homme ?

Pour l’avoir vécu, lorsqu’un homme macho te dit : «tu as vraiment envie de lécher le sexe d’une femme ? », que dois-je répondre à cela ? Au début tu es folle de rage et puis tu te rends vite compte que cela ne sert à rien de se mettre dans ces états-là, que cette bêtise lui appartient et que tu ne pourras pas lutter face à cette forme d’ignorance.

Messieurs, sortez enfin des idées reçues sur les lesbiennes ! Je prends un plaisir fou à faire l’amour avec ma femme !

Certains hommes restent pantois devant un couple de femmes qui s’embrassent. C’est la preuve que cela dérange et que cela fait naître chez eux une forme de jalousie car ils se sentent menacés, désarmés.

Le combat féministe des lesbiennes n’est pas de lutter contre les hommes mais de travailler conjointement, ensemble, à une meilleure inclusion.

Encore de nombreux combats

Il y a tellement de combats à mener contre les discriminations dont sont victimes les lesbiennes, tant au niveau familial que professionnel. Beaucoup vivent leur orientation dans leur solitude. Une lesbienne doit pouvoir se confier, avoir une écoute attentive, être réconfortée, respectée, acceptée pleinement. C’est important que ces femmes qui ressentent de la solitude, du désespoir, puissent adhérer à des mouvements de lutte, de revendications.

Au sein de la sphère familiale, les inquiétudes et les peurs perdurent. Il faut apprendre à en parler, à briser les tabous familiaux. La violence que vivent certaines au sein de leurs familles, les discriminations, le rejet, les persécutions sont autant de menaces et de sentiments de répression qui pèsent sur leur bien-être.

J’ai une pensée pour ces femmes qui aiment les femmes dans des pays où leur homosexualité est sévèrement punie par la loi.

Femmes homosexuelles, ne restez pas dans l’ombre, émancipez-vous. Il faut s’engager et se révolutionner. Comme tout combat, la lutte doit être menée de front, alors n’ayez plus peur. Transformez vos souffrances, vos désespoirs, votre humiliation en action. Nous avons le pouvoir entre nos mains, celui d’agir ensemble, main dans la main. Alors soyez vous-mêmes, authentiques, ne vous cachez pas. Ne soyez plus dans le déni par peur du rejet social, libérez-vous !

C’est l’Amour qui compte avant tout !

Sabrina Piazzi


Remerciements :

Je souhaite dire un grand MERCI à mes parents, des gens formidables, immensément généreux et d'une grande bonté, d’avoir été à mon écoute, attentionnés, aimants. Je tiens à remercier chaleureusement mon père qui, au moment où je lui annonçais, m’a dit cette chose magnifique : «Sabrina est une femme très sensible, je comprends qu’elle aime les femmes».


Crédit photo : Sabrina Piazzi - Tous droits réservés.

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