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Gerry, l'errance interminable


Le 17 août est ressorti sur nos écrans le film "Gerry", réalisé il y a un peu plus de 20 ans par Gus Van Sant.


"Gerry" raconte l'histoire de deux jeunes hommes se prénommant tous deux Gerry, qui s'enfoncent dans le désert californien sous une chaleur accablante, en voiture et puis rapidement à pied, afin de faire une randonnée. Très vite, les deux comparses vont se perdre et commencer à avoir faim et surtout soif. Leur amitié va être mise à rude épreuve et l'instinct de survie commencera à apparaître au fil de leur errance.


Dans un espace immense et dénué de tous points de repères, la caméra du cinéaste suit les errements des jeunes gens qui cherchent vainement leur chemin. Habitué aux studios hollywoodiens, Gus Van Sant réalise ce film avec une équipe réduite et un scénario signé des deux acteurs du film, Matt Damon et Casey Affleck.

Avant "Elephant" qui le révélera au grand public comme un auteur incontournable de la décennie, Gus Van Sant appréhende ici une manière de filmer sous un angle neuf et complètement épuré. Il réinvente beaucoup aussi la façon d'aborder la fiction à travers un cadrage, des lumières et des plans (dans leur durée extrêmement longue) différents et nouveaux.



"Gerry" se situe entre la démarche expérimentale et la fiction. Dès la fin du générique, le ton est donné avec un long travelling silencieux sur les deux jeunes hommes. La caméra adapte un rythme lent, elle vagabonde comme nos deux protagonistes, mais ni elle ni eux ne s'adaptent l'un à l'autre. C'est même peut-être la caméra qui anticipe et donne le "la" sur l'action et l'histoire. Les deux personnages parlent peu ; nous suivons le mouvement de la caméra nous offrant de sublimes paysages d'espaces à perte de vue. L'histoire est très simpliste et nous avons beaucoup de mal à éprouver une quelconque émotion face à ce que vivent nos deux randonneurs. Le spectateur reste extérieur et peine à compatir à la peur qui surgit au fil du film chez nos deux Gerry, à l'idée de ne pas s'en sortir et espérer retrouver son chemin et la civilisation.


Le film met en exergue toute la beauté naturelle du désert californien ; une certaine poésie se dégage des plans du cinéaste.

L'histoire est claire depuis le début, il est inutile de s'attendre à quoique que ce soit, seulement se laisser aller et suivre les deux personnages dans leur errance. C'est une vraie expérience contemplative, beaucoup plus qu'une fiction ; en cela, le film remplit sa mission.



Les deux acteurs jouent parfaitement leur partition ; on ressent bien leur complicité réelle (ils sont déjà deux amis dans la vie) et cela est plaisant à voir.


"Gerry", 20 ans après sa sortie, reste de mon point de vue un film expérimental, rien de plus. Il est cependant toujours agréable de retrouver Matt Damon et Casey Affleck jeunes et Gus Van Sant comme réalisateur unique et toujours intéressant.


"Gerry" est à voir ou à revoir pour les cinéphiles ou amateurs de Gus Van Sant.


Cédric Cilia






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