One Life - Chronique du livre de Megan Rapinoe
Dernière mise à jour : 13 févr. 2021
Je pense qu'on ne regrette jamais d'avoir pris la parole, résisté ou fait preuve de courage. Megan Rapinoe
C'est à l'été 2019 que Megan Rapinoe s'est fait connaître du grand public lorsque l'équipe nationale américaine de football dans laquelle elle évolue, a remporté la Coupe du monde féminine en France.
Cet évènement sportif a consacré une équipe qui décrochait pour la quatrième fois le titre de champion du monde. Nous avons alors découvert non seulement un sacré bout de femme qui enchaîne les victoires au football mais aussi une militante chevronnée qui n'a pas la langue dans sa poche et qui prend régulièrement position sur tout un ensemble de problématiques sociétales, s'étendant de l'homophobie au racisme en passant par les inégalités salariales dans le milieu du sport.
Née dans la ville californienne de Redding au milieu des années 80, Megan Rapinoe grandit dans une famille de la classe moyenne, aimante, soudée, généreuse et ouverte d'esprit. Ses parents, ses nombreux frères et soeurs seront toujours ses alliés et soutiens les plus fidèles dans ses combats. Par son caractère bien trempé et ses opinions tranchées, Megan Rapinoe ne laisse personne indifférent et bouscule une Amérique encore très conservatrice et frileuse sur bien des sujets, vivant ses dernières heures sous l'ère Trump.
Impulsive, grande gueule, femme de poigne et qui a la gnaque, la footballeuse a très tôt compris qu'elle pouvait utiliser sa notoriété grandissante couplée à une mentalité de gagnante pour faire bouger les lignes. En premier lieu, avoir un salaire équivalent aux hommes dans le football américain fait partie des réclamations de Megan Rapinoe et de ses coéquipières, qui dénoncent des inégalités basées sur des critères disproportionnels de systèmes de primes attribuées aux hommes après chaque match et seulement en cas de victoire pour les femmes.
En 2012, la sportive devient la porte-parole de la cause lesbienne en annonçant publiquement son homosexualité dans le magazine américain Out, et rappelle l'importance d'affirmer son identité et de contribuer à plus de visibilité lesbienne.
Prendre la parole en public, s'exprimer, acter, Megan Rapinoe sait faire. Diviser et créer la polémique aussi. En 2016, en s'inspirant du geste du joueur de football américain Colin Kaepernick, évoluant aux San Francisco 49ers, qui décide de rester assis au moment de l'hymne national pour dénoncer les violences policières et toutes formes d'oppressions subies par les Afro-Américains, Megan Rapinoe pose un genou à terre et boycotte le chant patriotique, un geste clivant qui déplaira à une large majorité de la société et de la classe politique américaine. La joueuse lance un pavé dans la mare et renforce la critique : le sport et la politique font-ils bon ménage ? A trop vouloir être sur tous les fronts en dénonçant les dysfonctionnements sociétaux, Megan Rapinoe ne prend-elle pas le risque de brouiller les pistes mais surtout d'irriter ?
C'est en tout cas le sentiment qui se dégage de la lecture de son livre "One Life", écrit par l'auteure Emma Brockes, un ouvrage totalement consacré à la gloire de la footballeuse, de ses déclarations vaniteuses sur ses performances sportives à son militantisme, jusqu'à ses histoires d'amour médiatisées, tout cela avec une bonne dose de louanges.
Néanmoins il est agréable de parcourir son livre qui se lit facilement et qui a le mérite de nous questionner sur le rôle que nous avons tous à jouer unanimement dans nos sociétés, pour créer les conditions favorables à un monde moins inégalitaire et plus juste: cela passe forcément par la "profession de foi" et l'action plus que par des beaux discours.
Ne pas renoncer à ce qui lui semble juste : c'est la clé du combat de Megan Rapinoe et il pourrait être aussi le nôtre.
Sabrina Piazzi
